A Montbéliard le 10e septembre 1777
Sérénissime Duc, Très gracieux Prince et Seigneur,
Pour pouvoir donner, au désir du gracieux décret de Vôtre Altesse Sérénissime du 16 août dernier, nôtre très humble Avis sur les propositions renfermées dans la lettre de M. de Voltaire, nous lui écrivîmes le 22 du même mois, pour savoir les conditions aux quelles il voudroit laisser en rante viagère les 70/m.H qui lui sont dûes.
Par sa réponse, que nous joignons à ce pli, il insiste sur le payement des 20/m.H qu'il avoit demandé à compte de ce capital et propose la conversion du restant en rente viagère à raison du vingt pour cent.
La situation de la Caisse de ce païs ne permettant pas de faire dans les termes qu'il fixe, le payement des 20/m.H il nous paroissoit intéressant de l'engager à laisser le capital en son entier. Mais à supposer qu'on puisse l'y déterminer, nous trouvons la rente trop forte, puis qu'il seroit remboursé dans six ans et demi de son capital et des intérêts.
C'est aureste, come il l'expose lui même, un home de 84 ans. A cet âge on ne peut plus se promettre de vivre encor longtems.
Si Vôtre Altesse sérénissime juge àpropos de nous autoriser à entrer en négociation avec lui sur cet objet, nous pensons, Monseigneur, qu'on pourroit lui offrir le 15 ou 16 pr cent de rente; Et dans ce cas, il faudroit qu'il vécût encor 9 à 10 ans pour toucher son capital avec les intérêts.
Quelque soit le hazard des Conventions de cette nature, le principal motif qui nous détermineroit à le courir, est l'impuissance absoluë de faire le payement des 20/m.H qu'il exige d'ici à la fin de l'année
Nous remettons le tout à la haute disposition de Vôtre Altesse sérénissime et nous somes
Beurnier
de Goll; C. Goguel; F. A. Comte de Sponeck; Gropp; F. C. Bouthenot; Parrot; Jeanmaire; Rossel