à Fernex le 20 9bre 1764
Monseigneur,
Si mon Oncle n'était pas malade, il viendrait certainement remercier V. a. S. de ses bontés. Permettez que j'aie l'honneur de vous écrire à sa place. Nous comtons lui et moi sur la générosité de vos sentimens.
Il a placé quelques rentes sur ma tête entre les mains de Monseigneur le Duc votre frère. Ces rentes ne sont point établies sur le duché de Virtemberg, mais sur les domaines d'Alzace et de franche Comté. Je ne sçais si le contract n'est pas passé actuèlement.
J'ignore si ces terres sont substituées à v. a. S. J'ose la suplier de daigner m'en instruire. S'il arrivait un malheur dont votre seul avènement au duché pourait nous consoler, je suis sûre qu'une âme aussi élevée que la vôtre ne me ferait jamais repentir de voir mon bien placé sur les terres de votre illustre maison.
Il ne s'agit pour moi que de dixhuit à vingt mille livres de rentes viagères, et quand même il y en aurait davantage, V. a. S. ne voudrait pas sans doute que j'en fusse un jour dépouillée.
Nous sommes bien loin mon Oncle et moi d'oser comprometre en rien la magnanimité de V: a: S: Un mot conforme à votre manière de penser si juste et si noble nous sera une caution plus sûre que tous les contracts et toutes les formalitez des parlements d'Alzace et de Bezançon, et ce mot sera enseveli dans le secret.
Mon Oncle ne peut dans l'état où il est aller dans ces deux provinces. Il croit d'ailleurs les formalités très inutiles avec des princes dont les sentimens égalent la naissance. Je me flatte que je joindrai toutte ma vie la reconnaissance au respec avec le quel j'ai l'honneur d'être,
Monseigneur,
de Votre a: S:
la très humble et très
obbéissente servante
Denis