1764-01-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Cosimo Alessandro Collini.

Les pauvres aveugles écrivent rârement, mon cher ami; nonseulement les fenêtres se bouchent, mais la maison s'écroule.
J'ai travaillé pendant deux ans à l'Edition de Corneille, tous les détails de cette opération on été très fatigants, je n'ai pu m'absenter un moment pendant tout ce temps là; et à présent que je pourais respirer, en faisant ma cour à Leurs Altesses Electorales, me voilà dans mon lit, ou au coin du feu, dans une situation assez triste. Vous connaissez ma mauvaise santé, l'âge de soixante et dix ans, n'est guère propre à rétablir mes forces. Je vous prie de me mettre aux pieds de Monseigneur L'Electeur. Il y a longtemps qu'il n'a daigné me consoler par un mot de sa main. Je ne lui en suis pas assurément moins attaché avec le plus profond respect, et je porte toujours envie à ceux qui ont le bonheur d'être à sa cour. Je vous embrasse bien tendrement, les Lettres d'un malade ne peuvent être longues.

V.