Je vous présente, mon cher ami, un des enfans de Made Calas, une victime innocente échapée au fanatisme, et vengée par l'Europe entière.
Il va en Allemagne pour son commerce. Leurs Altesses Electorales voudront peut être le voir. Je vous suplie de lui rendre tous les services qui dépendront de vous. Il vous dira le triste état où il m'a vu. Si je n'étais pas toujours dans mon lit, je serais assurément à Schwetzingen aux pieds de LL: A: E: Mylord Abington a dû leur rendre compte de mes souffrances et de mes regrêts.
Madlle Clairon est chez moi; elle joue sur mon théâtre que j'ai rebâti pour elle, mais à peine puis-je me trainer pour l'aller entendre, et à peine mes yeux peuvent ils la voir. Parlez moi des plaisirs de vôtre cour pour me consoler.
Je vous embrasse bien tendrement.
V.
à Ferney 19e auguste 1765