1765-08-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence.

J'ai trop tradé, mon cher Monsieur, à vous remercier de la justice que vous avez bien voulu rendre aux Calas, et de la générosité avec laquelle vous avez daigné confondre les calomnies de ce malheureux Freron.
On m'a dit qu'on avait été indigné de sa feuille; mais quelque horreur qu'il inspire on le tolère, et il se fait un revenu du mépris qu'il inspire. J'aurais voulu vous envoier une petite Lettre de remerciement qu'on doit imprimer à la suitte de la vôtre, mais je n'ai pu en avoir encor un éxemplaire.

Madlle Clairon m'a fait oublier les maladies qui persécutent ma vieillesse. Elle a joué dans Tancrède et dans Oreste, sur mon petit théâtre que vous connaissez. J'ai vu la perfection en un genre pour la première fois de ma vie. Elle est actuellement en Provence, vous auprès d'Angoulême, ainsi je passe ma vie dans les regrêts.

V.