1756-09-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Palissot de Montenoy.

Vôtre Lettre, Monsieur, est venuë très à propos pour me consoler du départ de monsieur D'Alembert, et de monsr Pattu; ils ont passé quelques jours dans mon hermitage, qui est un peu plus agréable que vous ne l'avez vû; il mériterait le nom qu'il porte, si j'y jouïssais d'un peu de santé; pardonnez à L'état où je suis si je ne vous écris pas de ma main.
Je dois, sans doute, à vôtre amitié les bontez dont monsieur Le Duc d'Ayens, et madame La comtesse de La Marque, veulent bien m'honnorer. Je me flatte que vous voudrez bien leur présenter mes très humbles remerciements. Je suis si sensible à leur souvenir que je prendrais la liberté de leur écrire, si je n'étais pas retenu au Lit par mes souffrances qui ont beaucoup redoublé; mon dessein était d'accompagner monsr Pattu jusqu'à Lyon, et d'y entendre Madlle Clairon sur le plus beau Théâtre de France; Il est triste pour la Capitale qu'elle n'ait pas assez d'émulation pour imiter aumoins la Province.

Adieu monsieur, conservez moi les sentimens que vous me témoignez; je vous assure qu'ils me sont bien chers. Pardonnez à un malade.

Mr Verne, qui vient de m'envoier votre adresse que vous ne m'aviez pas donnée, vous fait ses compliments.

V.