1756-03-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Palissot de Montenoy.

Tout malade que je suis, monsieur, il faut que je me donne la consolation de vous remercier de votre lettre.
Elle est très judicieuse, et je suis fort sensible à la confiance que vous me témoignez. J'ay d'ailleurs un intérest véritable à voir tous ces petits nuages dissipéz. Je me regarde comme votre ami après votre petit pélerinage. Je suis l'ami des personnes dont vous me parlez, et vous êtes tous dignes de vous aimer les uns et les autres. J'ay eu dans ma vie quelques petites querelles littéraires, et j'ay toujours vu qu'elles m'avaient fait du mal. Quand il n'y aurait que la perte du temps c'est baucoup. On dit que vous employez votre loisir à faire des ouvrages utiles qui me donnent une grande espérance, et baucoup d'impatience. Je parle souvent de vous avec monsr Verne. Je ne sçais comment répondre à votre aimable compagnon de voiage dont j'ignore la demeure. Pardonnez une si courte lettre à un malade, et comptez monsieur que c'est de tout mon cœur que je suis etc.

v. t. h. et ob. s.

V.