1759-12-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Ami Camp.

Je crois Monsieur que votre cher et estimable associé sera parti avant que vous ayez reçu ma lettre.
Je luy souhaitte un heureux voiage, et je crois que pour le bien des affaires il faut luy souhaitter un long séjour.

Voicy un petit reçu qui nous vaudra 6500lt, en son temps pour joindre à notre magot. Mr Tronchin me propose de mettre à la tontine 5200lt de coupons, et 5200 d'argent. Je prendrais ce party si je n'avais pas soixante et six ans avec une santé faible. De plus à cet âge de 66 ans on joue contre ceux de 60 ans qui auraient dix chances contre moy quatre. Ce n'est pas le jeu. On poura traitter de la paix cet hiver quoy qu'on ne la fasse pas. On poura même envoyer des plénipotentiaires et alors les effets publics reprendront faveur. On pourait alors vendre mes coupons avec une perte médiocre à ceux qui voudront acquérir des tontineries; et dès qu'on poura sans baucoup de perte vendre mes autres effets royaux et verreux on me fera plaisir. C'est ce que je vous prie de mander à notre cher ami. Vous pouriez même luy envoyer ce feuillet. Je n'aime que les prés, et point du tout les lotteries et annuitez, et suis de tout mon cœur

v. t. h. ob. str

V.