1760-01-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Vous êtes bien bon, mon cher monsieur, de songer à vôtre fermier des Délices, au milieu de toutes vos affaires; et même des affaires générales, sur lesquelles je ne doute pas que vous n'ayez donné de bons conseils, quoi que vous ne vous en vantiez pas.
La France a besoin d'une belle campagne pour sa gloire, mais elle a encor plus besoin de la paix pour son argent.

Je vois bien, Monsieur, que le payement de mes coupons est un tour de vôtre amitié; je vous reconnais bien là; je n'ai jamais que des grâces à vous rendre. Quant à Mrs Tourton et Baure, il me semble qu'ils pouraient bien me faire le petit plaisir de me payer; le ministre de mgr l'E: Palatin, m'a mandé, de la part de son maître, qu'ils avaient ordre de me payer toujours aux échéances, sans aucun délai. Si vous rencontrez ces messrs ne pouriez vous pas avoir la bonté de leur dire que je les suplie d'écrire un petit mot en conformité à mr le Baron de Beckers, à Manheim; je serais fort aise de sçavoir cette petite affaire en règle. Je vous demande pardon de vous importuner de ces bagatelles, lorsque vous avez tant de choses importantes sur les bras.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V. t. h. ob. str

V.

M. le duc de Choiseuil m'a acordé une grâce pour un de vos citoyens de Genève, dont je suis très touché.