1762-08-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Ami Camp.

Je vous demande pardon monsieur de l'impatience de madame Denis.
Son vernis est arrivé. Vous avez de l'indulgence pour les dames. Je ne doute pas que monsieur Delaleu n'ait fait honneur à votre mandat de cent vingt louis d'or pour le payement de juillet. Je vous prie de ne rien tirer pour le mois d'aoust avant que j'aye fait un petit compte avec luy. Je luy redevrai environ 800lt sur ce mois. Nous les défalquerons. J'aurai l'honneur de vous en donner avis, et je ferai bon à madame Denis de cette diminution.

N'y a t'il point quelques coupons de mes billets de lotterie et annuitez entre les mains de Mr Tronchin? S'il y en avait je pourais tirer cette bagatelle sur monsieur Tronchin à Paris pour quelques petits déboursez que je ferais en emplettes dans cette ville. Je laisserai toujours vos 150000lt très intactes. Les 120 louis de M. Delaleu iront toujours leur train chaque mois. Je me flatte que j'aurai auprès de vous la réputation d'un homme d'ordre.

Je me flatte qu'enfin nous ferons obtenir justice aux Calas contre les roueurs de Toulouse. Je ne plaindrai pour cette affaire ni l'argent ny les soins. Bonjour mon cher correspondant. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V.