à Lausane 3 février [mars 1758]
Je vous souhaitte un bon et heureux voiage mon très cher correspondant.
Je vous supplierai quand vous serez à Paris de vouloir bien à votre loisir parler à L'ami Laleu, notaire. Je vous enverrai un petit mémoire pour luy. Vous verrez aisément à Paris quel est le train des affaires, et vous pourez vous déterminer à vendre ou à garder les annuitez et les billets de lotterie que vous avez bien voulu acquérir pour moy. Il n'y a nulle nouvelle sinon que Mgr le comte de Clermont a trouvé l'armée la plus délabrée, la plus indisciplinable, et la plus pillarde qui soit au monde, ressemblant à une horde de tartares plus qu'à des trouppes françaises.
Puisque la horde des fermiers généraux veut absolument avoir de mon argent il faut bien payer cette contribution aux ennemis quand ils sont les plus forts. Payez donc, et ayez la bonté de m'envoier ces flambeaux que madame Denis a voulu avoir absolument. Mr Camp aura la bonté de m'envoier à son loisir au mois d'avril les cinq cent louis d'or que j'ay demandez. J'aurai aussi par son moyen les tapis de Turquie pillez sur les anglais. Je luy fais les plus sincères compliments, et je vous embrasse tout deux du meilleur de mon cœur.
Mes respects je vous prie à Son Eminence avant votre départ.
V.