à Lausane 29 janvier [1758]
J'écris mon cher monsieur à mr Bouret, fermier général, et je luy donne votre adresse.
S'il arrive une permission pour mes flambaux, à la bonne heure, sinon il faudra payer ces prétendus droits qu'on exige.
L'affaire que vous savez est un peu plus importante, et en qualité de bon français, je m'y intéresse davantage. Quelles que soient les vues du ministère de France ne parait il pas à l'homme supérieur qui vous développe ses sentiments, qu'il faut toujours saisir cette ouverture, et entretenir une correspondance la quelle ne compromettrait point le maitre, qui serait uniquement entre les mains de S. E. et dont on pourait tirer un très grand avantage dans une conjoncture favorable? Le cardinal de Richelieu disait qu'on devait toujours négocier avec ses ennemis. Je ne dis peutêtre là que des sottises, mais aussi je parle d'un métier qui n'est pas le mien.
Je ne sçais quel jour part mr le maréchal de Richelieu. On ne débite àprésent que de fausses nouvelles du Roy de Prusse, du Roi de Pologne, des Suédois et des russes. L'enlèvement d'un magazin de farine par Mr de Voier ne parait pas une affaire décisive si ce n'est pour les boulangers.
Avez vous toujours Monsieur et made de Montferrat à Lyon? Si vous les voiez, je vous prie de vouloir bien leur présenter mes respects.
Je suppose que dans le compte que vous avez la bonté de faire, vous employez les 30000lt d'annuitez et les 30000lt de lotterie, afin que je voye de quoy je puis disposer.
Madame Denis et moy, nous vous sommes toujours bien sincèrement attachez.
V.