1757-09-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

L'insatiable madame Denis ne finira t'elle point d'exercer la bonté et la patience de monsieur Tronchin et de Mr Camp?
Elle dit qu'il luy faut des tapis de pied. Elle prétend qu'après tant de bons offices, ces messieurs ne seront pas poussez à bout. Elle les supplie de luy faire obtenir deux cent aunes de ces grosses moquetes à fonds rouge, à carraux, à compartiments dans le goust des tapis de Turquie. Elle dit qu'il y en a partout en France, que tout le monde veut avoir les pieds chauds pour mieux raisoner, que ces tapis coûtent trois livres l'aune, que c'est même une étoffe plus forte que la moquette ordinaire. En un mot elle se recommande à la faveur de Mr Tronchin. Prenez donc en gré ma requête, mon cher monsieur, et pardonnez aux importuns. On dit la paix du parlement faitte. Je voudrais bien que celle de l'Europe le fût aussi. Nous retournons aux Délices, où nous attendrons vos ordres.

V.