1760-03-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Ami Camp.

Je vous prie monsieur de vouloir bien donner au sr Poncet 3000lt pour parfait payement des prez qu'il m'a vendus. Je voudrais avoir tout mis en préz plutôt qu'en billets de lotterie et annuitez. Je suis devenu sage trop tard. Je crois la France ruinée et je compte plus sur la pauvreté générale que sur la paix. Le clergé va nous aider un peu. Mais tant que les Anglais nous feront la guerre sur mer, et le prince Ferdinand sur terre, nous perdrons honneur et argent.

Je vous prie monsieur de vouloir bien faire les plus tendres compliments de ma part à mr Tronchin et de luy dire que je luy épargne mes inutiles lettres, et que je respecte les affaires dont il doit être occupé.

Quand les effets publics seront un peu remontez, supposé qu'ils remontent, je le prierai de me défaire des miens.

Vous connaissez monsieur tous mes sentiments pour vous.

N. b. le libraire de Paris Briasson m'envoye souvent des livres et en tire le payement sur vous avant qu'ils me soient parvenus. Cela n'est guères dans l'ordre. Je vous prie Monsieur de vouloir bien payer ses traittes quand j'aurai accusé la réception.

V.