1764-05-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence.

Mon cher frère, j'ai été très édifié des réflèxions philosophiques; on ne peut mieux s'y prendre pour préparer les esprits.
Le livre contre lequel ces réflexions sont écrites est bafoué à Paris, du petit nombre de lecteurs qui ont put en parcourir quelques pages, et est ignoré de tout le reste.

Je me flatte que la santé de vos amis est devenue meilleure, et que les trois cent pilules de Tronchin font un merveilleux éffet; c'est un remède souverain contre ces sortes de maladies. Vous devenez un très grand médecin; il est vrai que ce remède n'est pas fait pour la populace qui a un trop mauvais régime, mais il réussit beaucoup chez les gens qui savent un peu se gouverner eux mêmes.

Je vous demande pardon de ne vous avoir pas accusé la réception de la Dinde; elle est venue un peu tard, et on n'a point enendu parlér des perdrix. Il y a trop loin d'icy à Angoulème, j'en suis bien fâché, car je voudrais bien vous embrasser avant de mourir.