1778-02-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Théodore Tronchin.

Le vieux Suisse que Monsieur Tronchin a eu la bonté de voir chez Mr De Villette, lui représente que l'alternative continuelle de Strangurie et de Diabetes, avec une cessation entière du mouvement péristaltique des entrailles, est une chose assez désagréable et un peu dangereuse.

Qu'une machine ainsi détraquée ne peut subsister encor quelques jours que par ces mêmes bontés que Monsieur Tronchin a eues.

Les pilules de Made Denis lui ont fait depuis peu beaucoup de bien, mais n'ont diminué aucune de ses douleurs. Un peu d'enflure aux jambes, enflure qu'il est difficile à démêler dans un corps si sec, semble annoncer la destruction prochaine de cette frêle machine.

Le vieux malade sera fort aise de pouvoir entretenir un moment Monsieur Tronchin avant de prendre congé de la compagnie.

Il a vu Mr Franklin qui lui a amené son petit auquel il a dit de demander la bénédiction du vieillard. Le vieillard la lui a donnée en présence de vingt personnes et lui a dit ces mots pour bénédiction, DIEU ET LA LIBERTE.