1778-02-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Théodore Tronchin.

Le vieux malade ose représenter encor à son sauveur Monsieur Tronchin,

Qu'il est attaqué d'une maladie qu'il a ressentie dès le berceau.

Que la faiblesse de son Estomac, et la sècheresse de ses entrailles, sont depuis quatre vingt ans le principe de tous ses maux.

Que de tout temps les glaires qui passent tantôt par ses uretères, se sont congromelés dans ses entrailles, et ont passé dans son sang.

Que la vive élasticité de ses fibres est ce qui lui a conservé sa malheureuse vie.

Qu'enfin il ne peut soulager la cessation du mouvement péristaltique que par des pillules.

Qu'il n'a été soulagé en dernier lieu que par les pillules de Made Denis.

Qu'il demande à Monsieur Tronchin la permission d'en prendre encor, et de prendre un peu de vin de quinquina avant ses repas pendant quelque temps.

Il ne veut rien faire sans l'avis de Monsieur Tronchin; et il le suplie de mettre un bon à sa requête.