1769-10-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Cosimo Alessandro Collini.

Je supose, mon cher ami, que vôtre graveur de Manheim a suivi enfin vôtre conseil, et refait la matrice de sa médaille.
Si vous êtes content de son ouvrage je vous prie de lui dire de m'envoier par le carosse trente six médailles en cuivre, et s'il ne peut m'envoier que des anciennes je le prie de m'en faire parvenir dixhuit. Je voudrais bien que l'original pût vous embrasser, et se mettre aux pieds de Leurs Altesses Electorales, mais vous devinez quel doit être l'état d'un homme de soixante et seize ans aussi faible que je le suis. J'habite un beau château; j'ai de beaux jardins, une vue admirable, mais c'est être dans un cachot que de passer son tems à souffrir.

Je vous prie de vouloir bien présenter à Monseigneur L'Electeur mes profonds respects, et mes regrets de mourir sans lui avoir fait ma cour.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami.

V.