au château de Ferney 30 xbre 1763
Je suis aussi sensible au mérite de mrs et de mdes les pensionnaires du roi, et aux témoignages de leur bienveillance, que je me sens incapable de faire des ouvrages dignes de leurs talents.
Je les prie d'agréer mes sincères remerciements. Si mon âge, ma mauvaise santé, et la perte des yeux dont je suis menacé, me permettent de travailler à la tragédie d'Olimpie, je ne manquerai pas de la leur envoyer incessamment. La retraite que mon état me rend absolument nécessaire me laisse le regret de n'être pas le témoin de leurs talents, et de ne pouvoir mêler mes applaudissements à ceux qu'ils reçoivent du public. Ils savent que j'ai toujours regardé leur art, comme l'un de ceux qui font le plus d'honneur à la France, et qui méritent le plus de considération. Les obligations que j'ai à leurs grands talents ont augmenté en moi ces sentiments que je conserverai toute ma vie. Je me flatte qu'ils sont persuadés de l'estime, du zèle et de la reconnaissance avec lesquels j'ai l'honneur d'être leur très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire