1762-07-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Devosges.

J'ai reçu, monsieur, vos trois beaux dessins d'Attila, de Sophonisbe, et de la Toison d'or. Vous relevez par votre art des pièces où Corneille oublia un peu le sien.

Je crois avoir renvoyé à m. de la Marche le dessin de Pompée; il me semble que Cornélie baissait les yeux et que vous avez envie de la représenter les levant au ciel et tenant l'urne à la main. Jamais la passion ne peut se peindre dans des yeux baissés; cela est modeste, mais cela n'est pas tragique. Je suis sûr qu'avec ce changement, vous ferez un chef d'œuvre de votre Cornélie.

Dès que nous aurons six dessins, les libraires les donneront aux graveurs. On aura soin, monsieur, de vous envoyer leurs premières esquisses sur lesquelles vous donnerez vos ordres. Je suis très sensible à l'honneur que vous me faites, et suis parfaitement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire