31e janv: 1774
Dès que j’ai reçu la lettre où mon cher ange m’ordonne de lui envoyer des fragments indous et français sous l’enveloppe de m. de Sartine, j’ai pris sur le champ cette liberté avec confiance.
Le paquet part à la garde de dieu. Il vaut mieux prendre des libertés avec mr de Sartine qu’avec l’hippopotame.
Je ne conçois pas comment on a pu afficher dans Paris sous mon nom la Sophonisbe de Mairet. Je n’ai jamais donné cet ouvrage que comme celui de Mairet un peu retouché, pour engager les jeunes gens à refaire les belles pièces de Corneille, comme Attila, Agésilas, Pertharite, Théodore, Pulchérie, la Toison d’or &c.
En donnant Sophonisbe sous mon nom on a réveillé la racaille. J’oserais penser qu’il ne faut ni précipiter la retraite, ni laisser languir les représentations, mais prendre un juste milieu afin que Le Kain ait une rétribution honnête.
Je persiste à croire que Beaumarchais n’a jamais empoisonné personne, et qu’un homme si drôle ne peut être de la famille de Locuste.
Je suis bien embarrassé avec mes Genois et mon marquis Viale. Dieu vous garde d’établir jamais une colonie! c’est une terrible entreprise. M. l’abbé Terrai même y serait un peu embarrassé.
Je baise les ailes de mes anges.
V.