1761-04-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philibert Charles Marie Varenne de Fénille.

Vous ne pouvez douter monsieur que je ne reçoive avec bien du plaisir la main levée de l'anatème prononcé contre mes trouppes.
Il est bien difficile d'excomunier les soldats, sans que les éclaboussures des foudres sacrez ne frappent un peu les officiers. La contradiction ridicule d'être payé par le roy et de n'être pas enterré par son curé est d'ailleurs une des impertinences des plus dignes de nos loix et de nos mœurs. Si vous parvenez à nous défaire de cette barbarie, vous rendrez service à la nation. J'attends votre livre avec impatience, mais je doute fort qu'il produise un autre effet que celuy de nous convaincre de notre sottise. Rien n'est plus comun que de nous prouver que nous avons tort, et rien de plus rare que de nous corriger.

J'ay l'honneur d'être avec toutte l'estime que votre projet m'inspire

monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire