1761-03-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Louis Lekain.

Nous comptions sur vous; et nous ne comptons plus sur rien, que sur notre amitié pour vous et sur vos sentiments.
Mandez nous mon cher Roscius ce que c'est que votre triste avanture à la quelle nous nous intéressons bien vivement madame Denis et moy. Il y a près d'un mois que je n'ay reçu de lettres de mr Dargental. Le petit Praut ne m'a pas seulement envoyé un exemplaire de Tancrede. Vous voyez que je suis aussi abandonné que vous êtes persécuté. Au surplus prenez tout guaiment, faittes vous applaudir; cela console de tout.

J'ignore si on poura déterminer madelle Dumenil à jouer Clitemnestre, mais je sçais que vous feriez bien valoir le rôle d'Oreste. Je suis déterminé à ne rien donner à moins qu'on ne joue cette pièce. Vos camarades me doivent peutêtre cette complaisance. Je vous prie d'en parler à mr Dargental, et de me répondre sur tous ces articles. Celuy qui vous regarde est le plus intéressant pour moy. Je vous em[brasse.]

V.