[c. 15 January 1750]
Il n'y point de vraye tragédie d'Oreste sans les cris de Clitemnestre. Si cette viande grecque est trop dure pour les estomacs des petits maîtres de Paris, j'avoue qu'il ne faut pas d'abord la leur donner.
Que Clitemnestre s'en aille et laisse là son mary, l'urne, le meurtrier, et aille bouder chez elle, cela me paroit abominable. Il y a quelques longueurs je l'avoue entre les sœurs surtout quand une Gossin parle. Il faut Elaguer.
Ce malheureux lieu comun des fureurs est une tâche rude. Vous en jugerez à l'heure qu'il vous plaira mon divin ange. On copie touttes les petites corrections que j'ai faittes. Je n'ay certainement pas domné assez d'étendue à la scène de l'urne. Elle est étranglée à la lecture. Il semble que tous les personnages soient hatez d'aller. Je manderay demain à melle Guichard qu'elle a une loge pour lundy.
J'ay mille choses à vous dire. Je fus hier fort content de l'air dont madame Dargental mangeoit son brouet.
Je vous embrasse tendrement cher et respectable amy.
V.