1760-06-14, de Élie Catherine Fréron à Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes.

Monsieur,

Lambert a engagé mon censeur que je ne connois pas à vous écrire au sujet de la petite anecdote qui me concerne à la fin de mon extrait de L'Ecossoise.
C'est bien la moindre chose, Monsieur, que je réponde par une gaité à un homme qui m'appelle fripon, coquin, impudent, dogue, &c., &c. &c., &c. Il est très certain (et vous le sçavez mieux que personne, Monsieur), que L'Ecossoise est de M. de Voltaire. M. d'Argental en convient publiquement. Au reste, je dinai hier avec Mrs Caperonier et L'abbé Boudot, tous deux censeurs Royaux; je leur lus mon article, et tous deux ne pouvoient concevoir que mon censeur me fît la moindre difficulté sur l'anecdote, ni sur aucun autre endroit de mon article. Je vous aurois, Monsieur, la plus grande obligation, de lever cette difficulté, qui retarde ma feuille depuis trois jours.

Je suis avec un profond respect et une vive reconnoissance de toutes vos bontés,

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Freron