14 may [1760]
Madame
Ce petit compliment est pour celle qui a daigné honorer et embellir le rôle d'Alzire. Mais que ne doi-je point à son auguste mère! Je luy jure que si j'avais eu un peu de santé, j'aurais fait le voiage, j'aurais été le témoin des talents du prince et de la princesse. Les raisonneurs, les politiques auraient dit ce qu'ils auraient voulu, j'aurais contenté le plus cher de mes désirs, de venir me mettre encor aux pieds de votre altesse sérénissime.
J'ay usé de la permission qu'elle m'a donnée j'ay fait partir un petit ballot pour madame la comtesse de Bassevits, et je l'ay adressé à Gotha directement à votre Altesse sérénissime, afin que le respect pour votre nom le fît arriver en sûreté.
Je profite encor des mêmes bontez pour vous supplier madame de vouloir bien honorer de votre protection la lettre incluse.
Je crois mon commerce fini avec le chevalier Pertrizet. J'ay pris la liberté de luy dire tout ce que j'avais sur le cœur, mon âge, mon ancienne liberté, les malheurs aux quels il s'expose m'ont autorizé, et m'ont peutêtre conduit trop loin. Il ne tenait certainement qu'à luy de s'arranger très bien avec son oncle, mais il aime mieux plaider, je suis sûr que madelle Pertrizet en est fâchée.
Je ne sçais rien madame des nouvelles publiques. Je plante, je bâtis, je ne me mêle point des affaires des princes. Mais il y a une princesse aux pieds de la quelle je voudrais être.
le suisse V.