ce 27 janvier 1760
Si le tems Vous a parû long pour attendre la réponse du banquier au moins Monsieur je Vous prie d'être persuadés que ce n'est pas par ma faute, et que je suis toujour très exacte et très empressée quand il s'agit de Vous servir.
Le paquet de mon oncle m'a effrayée par l'énormité de son volume. Je souhaite avec ardeur que le contenu soit à Votre entière satisfaction. Les chemins sont encor bien mauvais et très peu sûr, c'est ce qui me fait trembler dans plus d'un sens. Soyés toujours l'ami et le protecteur de moi et de ma famille mon cher Monsieur. Contés sur la constance et la sincérité de mon Amitié, et si ces sentimens ne peuvent pas Vous procurer de grands avantages pensés au moins qu'ils sont rares dans le siècle où nous vivons. Ma jeunesse m'ocupe au point qu'elle me laisse à peine le loisir de Vous exprimer combien je Vous honore et Vous estime. L'idée de Vous revoir encor une fois en ma vie fait toute ma félicité.