[23 December 1758]
Monsieur,
Après avoir eu l'honneur de vous écrire, et de vous envoïer une Lettre pour Monsieur de Showalow vôtre ami, j'ai reçu celle dont vous m'honnorez.
Je suis sensiblement touché de vôtre perte et de vôtre affliction; je ne sçavais pas lorsque je vous souhaittais toutes les félicités dont vous êtes si digne que vous eussiez éssuïé un si grand malheur; je n'ai l'honneur de vous connaître que de réputation, on m'a dit combien vous êtes aimable, et plus vous avez êté aimé de Made vôtre femme, plus la sensibilité de vôtre coeur vous rend à plaindre. La philosophie est quelquefois bien impuissante dans de pareilles occasions; la société seule de vos amis peut soulager vôtre douleur. Il parait que personne n'est plus fait pour avoir des amis que vous, si on peut en avoir à la cour. J'ai le coeur plus tendre qu'un autre, parce qu'heureusement je suis loin des Rois et des courtisans qui l'endurcissent. Ce coeur s'intéresse véritablement à tout ce qui vous regarde, et je voudrais pouvoir vous en donner des preuves.
Voici ma réponse aux papiers que vous avez bien voulu avoir la bonté de m'envoïer de la part de Monsieur de Schowalow; j'use de la liberté que vous me donnez.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je dois à vôtre Excellence.