aux Délices 27 septb. [1758]
Madame,
Si ce billet trouvait votre altesse Roiale dans un moment de santé et de loisir je la supplierais de faire envoier au grand homme son frère, cette réponse du Suisse, mais mon soin le plus pressé est de la supplier d'envoier à Tronchin un détail de sa maladie.
Vous n'avez jamais eu madame tant de raison d'aimer la vie. Vous ne savez pas combien cette vie est chère à tous ceux qui ont eu le bonheur d'aprocher votre Altesse Roiale. Comptez que s'il est quelqu'un sur la terre capable de vous donner du soulagement, et de prolonger des jours si prétieux, c'est Tronchin. Au nom de tous les êtres pensants madame, ne négligez pas de le consulter; et s'il était nécessaire qu'il se rendit auprès de votre personne, ou si ne pouvant pas y venir, il jugeait que vous pouvez entreprendre le voiage, il n'y aurait pas un moment à perdre. Il faut vivre, tout le reste n'est rien. Je suis pénétré de douleur et d'inquiétude, ces sentiments l'emportent encor sur le profond respect et le tendre attachement du vieux frère hermite suisse.
V.
J'espère que Monseigneur sera de mon avis.