31 mai 1765
J'écrivis hier à mon cher frère, à son adresse, et je lui envoyai les réponses de m. Tronchin.
Je lui écrivis il y a quelques jours un petit billet par m. Héron, et un autre par m. d'Argental.
Il doit être instruit du juste sujet de mes inquiétudes; il doit savoir qu'un gros paquet envoyé à m. Gaudet a été intercepté.
Il est à croire qu'une lettre, envoyée depuis sous le couvert de m. Gaudet, a été interceptée encore. Dans cette lettre, on avertissait mon cher frère que des gens malintentionnés avaient été alarmés de son commerce avec Genève; qu'on avait ouvert ses lettres depuis plus de six semaines. On donnait l'adresse de m. Camp, banquier à Lyon. Mais comme il y a beaucoup d'apparence que si mon frère a reçu cette lettre, elle a été ouverte, et que si elle ne lui est pas parvenue, on ouvrira toutes les lettres adressées à m. Camp, il faudra prendre d'autres mesures. Je supplie donc mon cher frère de m'instruire de tout ce qui se passe, de me mander quelles lettres il a reçues de moi depuis plus de quinze jours, et d'adresser son paquet à mademoiselle Sainton, à Lyon. Il faudra, sous l'enveloppe de mademoiselle Sainton, écrire simplement à madame Racle à Genève. Les lettres qui arriveront pour madame Racle me seront rendues.
Mandez moi donc, sous cette adresse, tout ce que vous avez sur les cœur; et croyez que le mien est aussi pénétré de tendresse pour vous que de douleur.