1765-05-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mr Tronchin a le paquet de mon frère, et on lui fera parvenir la réponse dès qu'on l'aura reçue.
Mais j'avertis toujours qu'il est râre de guérir ses malades à cent lieues, et qu'une sœur de la charité fait plus de bien de près qu'Esculape de loin.

J'ai sçu qu'on avait encor envoié un second paquet par mr Gaudet, et probablement ce paquet n'est point parvenu à sa destination. On écrivit depuis une Lettre instructive sur l'état des choses, et on se servit de la même voie. Cette Lettre partit le 21 ou le 22 du mois. Il serait très triste qu'on l'eût ouverte. On a écrit le 27 par Mr Héron 1er commis des bureaux du conseil, et la lettre a été mise à la poste à Lyon.

Je pense qu'il est nécessaire que vous m'écriviez à Genêve une Lettre signée de vous. Vous y direz que vos occupations vous permettent peu de vous occuper de Littérature. Que vous faittes à la vérité venir quelquefois des livres de Hollande pour un de vos amis, et que vous avez à peine le temps d'y jetter un coup d'œil. Vous pourez me dire que vous avez parcouru la philosophie de L'histoire, et que vous êtes bien étonné qu'on m'attribue un livre rempli de citations caldéennes, siriaques et Egyptiennes. Vous pourez me plaindre d'ailleurs, d'être en butte à la calomnie depuis cinquante années. Vous me rassurerez en me disant combien le roi est équitable. Si ce canevas vous parait raisonnable vous le broderez. Puisqu'on est curieux vous satisferez la curiosité.

Vous pourez adresser vos autres lettres sous l'envelope de Mr Camp banquier à Lyon, comme je vous l'ai déjà mandé.

Je ne vous dis pas combien il est douloureux de recourir à ces expédients. Nous voilà comme un amant et une maitresse dont les lettres sont interceptées par les jaloux. Aimons nous en davantage, et Ec: L'inf: