1764-01-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Élie Bertrand.

Je vous prie mon cher philosophe de relire la fable d'Esope, ou de Lafontaine, dans laquelle on introduit un héron, qui refuse pour son dîné une carpe et une tenche, et qui se trouve trop heureux de manger un gougeon.
Il est si râre de trouver des acheteurs d'une marchandise de Cabinet, que je vous conseille de saisir l'occasion qui se présente. Si cette occasion manquait, vous ne la retrouveriez plus. Saisissez la, croiez moi, connobi pour l'inique corte. On peut changer d'avis d'un jour à l'autre, et alors vous vous repentiriez bien de n'avoir pas accepté ce qu'on vous a offert. Songez qu'il y a des Jesuites à Manheim.

Adieu, mon cher philosophe, ne m'oubliez pas auprès de mr et de made Defreüdenrich, et comptez que je suis à vous pour la vie.

V.