à Versailles le 13 février 1758
Je ne mérite tout au plus, Monsieur, qu'un des deux éloges que vous me faites, mais il est toujours bien flatteur d'avoir l'approbation d'un homme dont le génie et le goût font tant d'honneur à l'humanite.
Si j'étois gascon je vous dirois que je sers bien l'amour, je vous avoue tout franchement que je le chante beaucoup mieux, je n'oublie cependant ses bienfaits.
Il a jadis récompensé mon zèle,
Ah! qu'il m'a procuré d'agréables momens!
Si j'ay trouvé quelqu'infidèle,
Il m'en a consolé par une ardeur nouvelle,
Si je le sers moins bien, c'est la faute du tems,
C'est ce cruel Tiran qui détruit sa puissance;
Rien ne sçauroit luy résister;
Mais je dois à l'amour trop de reconnoissance
Pour ne pas aumoins le chanter.
Je pardonne à bien des gens d'être parresseux et c'est ce qu'ils peuvent faire de mieux, mais Madame Denis doit son tems aux muses et à l'amitié. Je vous prie, Monsieur, de l'assurer de mon respect et d'être persuadé que personne ne vous est plus attaché et plus dévoüé que moy.