1776-04-23, de Jean Baptiste Claude Delisle de Sales à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Je suis pénétré de vos bienfaits et ma lettre est mouillée des larmes de la reconnoissance.

Votre âme sublime se peint dans de pareils traits et vous justifiés votre apothéose.

Quelqu'éloignement que me donne mon caractère à employer à ma défense autre chose que le Zèle et le cœur de mes amis, je sais que vous êtes le Souverain de la littérature, et un sujet reçoit de son souverain sans rougir.

Permettés moy seulement de n'employer la somme que sacrifie votre amour de la tolérance, qu'à la dernière extrémité et en attendant de la laisser en dépôt chez mr d'Ailly.

Le Chatelet continue ses procédures et on m'annonce des interrogatoires, des confrontations pendant 4 mois jusqu'à une sentence définitive: on m'assassine à coups d'épingles, jusqu'au moment où on frappera le coup de massue.

J'aurai l'honneur de vous instruire des principaux événemens de cette guerre digne du siècle de Charles IX; ma confiance pour vous est une dette: vous n'étiés auparavant que mon héros et mon maitre, je sens à présent que vous êtes mon père: daignès agréer l'hommage de mon profond respect et de mon éternelle reconnoissance.