Monsieur,
A mon âge j'attendois plustôt la mort qu'un procez.
Le sr Bigex m'oblige à en soutenir un. L'assignation a été dressée par le sr Chatelain, et m'a été remise par le sr Regard. Monsieur De Voltaire en a été très affligé. Il m'a dit qu'il vous avait écrit pour évoquer l'affaire à sa justice. J'aurais été charmé qu'elle fût promptement jugée par Monsieur Le Lieutenant général, dont je connois Les lumières, La sagesse, La justice, et qui m'honore de ses bontez. Mais il veut trainer L'affaire en longueur, afin que l'homme puisse revenir de sa fureur, et reconnoitre sa folie sans le secours des juges. Si L'évocation n'est pas encore faire, Monsieur de Voltaire voudrait que vous la fissiez au plustôt, afin qu'on eût le tems de se mettre en règle. Il pense que dans cette affaire vous pouvez vous employer à ma défense. Je ne puis souhaiter un plus habile défenseur. Ma cause ne peut être en meilleures mains. Je vous prie, et je vous demande en grâce de vouloir bien vous en charger, et de m'êrire si vous aurez cette bonté, afin que je puisse vous envoyer mes moyens de défense et mes conclusions. J'ajouterai La reconnoissance, aux sentiments vifs, et sincères, avec Les quels j'ay L'honneur d'être
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Adam
à Fernex, ce 5 7bre 1769
J'ouvre ma lettre, pour vous prier d'arranger tout de façon que L'affaire puisse se terminer au jour des Assises.