1769-03-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Gros.

François Marie de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, seigneur de Fernex, Tourney, &c., de soixante et quinze ans passés, étant d'une constitution très faible, s'étant traîné à l'église le jour du dimanche des rameaux, malgré ses maladies, et ayant depuis ce jour essuyé plusieurs accès d'une fièvre violente, dont le sr Biagroz, chirurgien, a averti m. le curé de Fernex selon les lois du royaume; et le dit malade se trouvant dans l'incapacité totale d'aller se confesser et communier à l'église pour l'édification de ses vassaux, commeil le doit et le désire, et pour celles des Protestants dont ce pays est entouré, prie m. le curé de Fernex de faire en cette occasion tout ce que les ordonnances du roi et les arrêts des parlements commandent, conjointement avec les canons de la sainte église catholique proféssée dans le royaume, religion dans laquelle le dit malade est né, a vécu et veut mourir, et dont il veut remplir tous les devoirs ainsi que ceux de sujet du roi, offrant de faire toutes les déclarations nécessaires, toutes protestations requises soit publiques soit particulières, se soumettant pleinement à tout ce qui est de règle, ne voulant omettre aucun de ses devoirs quel qu'il puisse être, invitant m. le curé de Fernex à remplir les siens avec la plus grande exactitude, tant pour l'édification des Catholiques que des Protestants qui sont dans l'enceinte de la maison du dit malade.
La présente signée de sa main et de deux témoins, dont copie restée a château, signée aussi du malade et des deux mêmes témoins, l'original et une autre copie laissés entre les mains de mon dit sr curé de Fernex par les deux témoins soussignés, sauf à les rendre authentiques par les mains de notaire, si besoin est.

Voltaire; Bigex témoin; Wagniere témoin.