1775-04-03, de Antoine Adam à Jean François Coste.

Monsieur,

Quelles obligations je vous ai! combien je vous dois de remerciements! Ma nièce m'a écrit les bontez dont vous l'avez honorée, et qu'elle doit à vos soins, et à votre habileté, le rétablissement, et la conservation de sa santé.
J'ignorois qu'elle fût malade. Elle ne m'en a instruit, que pour m'apprendre que c'est à vous que je dois la prolongation de ses jours. Quelle grâce! ô monsieur, vous avez fait en cela plus pour moi, que si vous m'aviez rendu la vie, et procuré la santé la plus forte et la plus durable. Agréez, je vous prie, l'assurance de ma vive et éternelle reconnoissance. Vous ne vous êtes pas contenté de m'avoir conservé cette chère nièce, que j'aime plus que moi même: vous avez encore daigné vous charger du soin de me faire parvenir ses dons. On vient de me remettre enfin, et La lettre de bien viëille datte, dont vous m'avez honoré, et deux belles bourses, qui m'ont paru trop magnifiques pour moi. J'en ai fait un présent à Monsieur De Voltaire, et à Madame Denis, qui Les ont reçus d'un air, et avec des expressions, qui ont bien augmenté le plaisir, que j'avais de les leur offrir. Vôtre commissionaire m'a paru bien lent, mais les difficultez de nos chemins, les neiges, et les horreurs de nos montagnes peuvent servir d'excuse à sa lenteur. D'ailleurs la joye, que m'ont causée votre Lettre, et l'amitié de ma nièce, a été si grande, qu'elle méritoit bien d'être attenduë. Je vous en remercie L'un et l'autre, vous, et ma très chère nièce. Comme je ne lui écrirai que vers la fin de mois prochain, j'espère que vous la verrez avant ce tems-là. Soyez, je vous en supplie, l'interprète de mon coeur auprès d'Elle, peignez lui bien ma tendresse, et ma reconnoissance. Vous ne pouvez point en dire trop. Je la recommende toujours à vos bontez.

Madame Denis vous remercie de votre souvenir, et me prie de vous dire mille choses de sa part.

Vous n'aviez pas besoin de solliciteur auprès de Monsieur de Voltaire. Il m'a fait un éloge de vostre ouvrage qui m'a causé le plus grand plaisir, et qui ne m'a point surpris. Continuez, Monsieur, à mériter l'approbation de tout le monde, à faire du bien à ma chère patrie, et à combler de joye touts vos amis par vos succez. Jugez combien sera toujours grande la part que j'y prendrai, par l'attachement, le respect, et la reconnoissance, avec Les quel j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Adam

Mr Durey n'est plus à Fernex. Je lui ai écrit la bonté que vous avez eüe, de penser à lui.