1751-01-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Anne Louise Bénédicte de Bourbon-Condé, duchesse Du Maine.

Madame,

J'ay apris la maladie de votre altesse sérénissime avec douleur, avec effroy, et son rétablissement avec des transports de joye.
On fait des vœux dans le pays où je suis, où les baux arts commencent à naître, comme on en fait en France où ils dégénèrent. On y souhaite ardemment votre conservation, si nécessaire au maintien du bon goust et de la vraye politesse de l'esprit dont votre altesse est le modèle. Vivez madame aussi longtemps que monsieur de Fontenelle, mais quand vivriez encor plus longtemps, vous ne verrez jamais un temps tel que celuy dont vous avez été l'ornement et la gloire. Je suis avec un profond respect, et un attachement inviolable,

madame,

de votre altesse sérénissime,

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire