1753-12-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louisa Dorothea von Meiningen, duchess of Saxe-Gotha.

Madame,

J'ay apris en même temps la maladie et la convalescence de Votre altesse sérénissime.
Je suis dans la foule de ceux à qui votre vie est prétieuse: vous êtes adorée madame, de quiconque a eu l'honneur d'aprocher de votre personne. La crainte a été générale, la joye l'a été quand on vous a su rétablie. Daignez recevoir mes respectueux sentiments parmy tous ceux qu'on vous présente. Votre altesse se aura été bien touchée sans doute de tous les vœux qu'on a faits pour elle, et des allarmes qu'elle a causées. Elle ne peut mieux marquer sa reconnaissance au public qu'en conservant sa santé, c'est le plus grand plaisir qu'elle puisse nous faire. Le mien madame serait de pouvoir me venir mettre à vos pieds.

Je ne pouray avoir l'honneur de luy envoyer les prémices de L'ouvrage qui luy apartient que dans quinze jours ou trois semaines.

J'espère que Mr de Rotlberg voudra bien m'indiquer par quelle voye je pouray faire parvenir cet homage.

Elle permettra que je présente mes respects à Monseigneur et à toutte son auguste famille, que je ressente leur joye, que j'unisse mes sentiments à ceux de tout ce qui l'environne.

Agréez madame avec votre bonté ordinaire le profond respect, la reconnaissance, l'attachement inviolable du cœur le plus pénétré et le plus sensible.

V.