1744-05-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louisa Ulrica, queen of Sweden.
Le prélat de Lubec sur le trône élevé
Vivra donc comme j'ay rêvé.
Ah que luy serviroit la grandeur souveraine?
Quel triste et froid bonheur s'il n'étoit votre époux?
Il faut quand [on est roy], vous obtenir pour Reine
Et quand on est sujet, il faut l'être de vous.

Il fera sans doute moins froid, madame, à Stokolm, quand vous y régnerez, et alors je viendray faire ma cour à votre majesté. Je ne plains dans cet évènement que la Reine Christine qui va être éclipsée. Vous ferez en Suede ce que Le Roy votre frère fait à Berlin, vous ferez naître les beaux arts. Que ne sui-je assez heureux pour me trouver dans la foule de ceux qui verront votre couronnement? Je fais de loin des vœux, mais je suis de loin comme de près, avec le plus profond respect et l'attachement le plus inviolable,

de votre a[ltesse] royale,

madame

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire