1768-04-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Eugene von Württemberg, duke of Württemberg.

Monseigneur,

La chambre de Montbelliard vient de m'envoier deux délégations pour l'avenir, à commencer le 1er juillet prochain, et quoique ces délégations ne soient pas revétues des formes ordinaires, le respect pour vôtre nom, et la confiance en vôtre générosité y supléeront.
Mais quoique j'aie envoié vingt mémoires à la chambre, quoi qu'il suffise d'un quart d'heure pour mettre en règle le passé, quoique j'aie envoié mon compte conforme à celui du sr Jeanmaire, vôtre conseiller, et du sr Surleau, avocat, je n'ai pu encor obtenir un mot de réponse sur cet article essentiel, sans lequel rien ne peut être consommé.

Messieurs de la chambre des finances n'ont rien écrit, rien statué sur les soixante et dix mille livres qu'on veut prêter à vôtre Altesse sérénissime, à Genêve, et dont vous avez fait deux billets dont je suis dépositaire. Mr Jeanmaire m'a mandé à la vérité que vôtre intention était que cet argent servit à me paier les arrérages du passé qui se montent à 66924lt. J'ai envoié le compte tout dressé à Messieurs de la chambre des finances il y a plus d'un mois. J'ai envoié plusieurs mémoires consécutifs. Tout est en règle de ma part, et dans la meilleure forme; il ne s'agit que de finir.

Je suplie vôtre Altesse Sérénissime de daigner ordonner que cette affaire soit enfin entièrement terminée. C'est ce que j'attends de sa générosité et de sa bonté. C'est ce que mon grand âge, mes maladies et les intérêts de ma famille me forcent de vous demander avec instance.

Je suis avec un profond respect

Monseigneur

De Vôtre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire