à Ferney 1^er avril 1768

Messieurs,

Je reçois aujourd'hui les deux soumissions des s^rs Rozé et Mevier, ou Menier, de me paier doresnavant mes rentes en vertu de vos ordres et je suis satisfait de ce côté, en attendant que cette délégation soit autentique selon les loix du païs, me confiant d'ailleurs entièrement en vos promesses.

Il reste à faire usage des deux billets de S: A: S. pour me paier de ce qui m'est dû jusqu'au 1^er d'avril oû nous sommes.

Ces deux billets sont de 35000£ chacun, paiables l'un en l'an 1769 et l'autre en 1770.

Le s^r Jaquelot prête cet argent à 5 pour cent et retient l'intérêt qui se monte

Pour la première année à	3500lt
Et pour la seconde à	1750lt
	5250lt
Reste la somme de 64750lt que Mgr doit toucher.
Il me doit au dernier mars la somme de	66924lt
Il m'en paie par les deux billets	64750lt
En me cédant ces deux billets, reste à me
paier présentement la somme de	2174lt

Il faut donc que vous aiez la bonté d'ordonner que cet apoint me soit délivré, moiennant quoi je vous donnerai quittance générale jusqu'au 1^er avril; et tout sera parfaittement en règle. J'ai d'autant plus besoin de cet argent, que ce sera le seul que j'aurai d'icy au mois de Juillet, suposé encor que vos fermiers paient éxactement.

Permettez moi, Messieurs, d'avoir l'honneur de vous représenter que rien n'était plus facile que de faire ce compte et d'en signer un double, sans quoi rien ne serait valablement consommé, puisqu'il faut que tout le passé soit acquitté pour que j'accepte légalement vos arrangements pour l'avenir. Si je manquais à ce devoir j'en serais responsable envers ma famille.

D'aignez donc consommer l'affaire en ordonnant qu'on m'envoie 2174^lt qui me sont dues; et je vous enverrai quittance générale jusqu'au premier avril de cette année. Je joindrai les sentiments de la reconnaissance à ceux avec lesquels j'ai l'honneur d'être

Messieurs

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire