1768-03-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Conseil de régence de Montbéliard.

Messieurs,

Je reçois la Lettre dont vous m'honorez du 5 mars.
Je vous ai mandé par ma dernière, que le sr Jaquelot avait consenti d'attendre jusques vers la fin de ce mois, les billets à ordre de S. A: S: et j'ai compté recevoir préalablement les délégations dont vous me flattez depuis longtemps.

J'aprends dans ce moment que c'est à Mr Ethis, premier secrétaire de L'intendance, et non pas à Mr Reimond, directeur des postes, qu'il faut que vous aiez la bonté d'adresser pour moi les soumissions de vos fermiers. Ces soumissions peuvent être pures et simples; chaque fermier ou chaque régisseur peut écrire sur un simple billet, je paierai tant … à telle échéance à Mr De Voltaire ou ordre, sur le prix de mon bail (de telle terre), ou sur la recette de telle terre, sans frais ni diminution quelconque pendant la durée de mon bail ou de ma régie, le tout à l'acquit de S: A: S: Mgr … selon ses ordres à moi intimés, me chargeant à mon propre et privé nom de paier la susdite somme de préférance à tout; à peine de tous dépends, dommages et intérêts. fait à … etc a.

Celà fait une fois, vous aurez tout le temps, Messieurs, de passer des actes en forme entre vous, mes parents et moi. Mais je dois vous réitérer que dans l'état où je suis, il m'est impossible d'attendre plus longtemps que le mois de mars, aiant envoié ma famille à Paris, où je suis obligé de l'entretenir à grands frais, et aiant à Genêve des dettes considérables dont les intérêts courent, et se grossisent tous les jours.

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

Messieurs

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire