Ferney, 18 Février 1768
J'espère, Monsieur, recevoir demain à Genève les dix mille francs que vous m'envoyez; j'ai en conséquence dépêché mon compte à Messrs de la chambre des finances, vous verrez qu'il m'est dû actuellement cinquante et un mille et tant de livres.
J'ai proposé à Messrs de la chambre des finances qu'ils voulussent bien me faire tenir les soumissions pures et simples des fermiers et régisseurs, suivant les arrangements qu'on a dû prendre, en attendant qu'on pût me donner des délégations en forme légale. Ces soumissions préliminaires peuvent suffire, quand on agit de part et d'autre de bonne foi.
Moïennant ces soumissions qui serviront de caution, je pourrai faire prêter dans Genève de l'argent à Mgr le duc de Virtemberg; mais certainement aucun Genevois n'en prêtera s'il ne voit des sûretés.
Je suis très flatté de pouvoir rendre service à S. A. S. mais le préalable que je demande est absolument nécessaire.
Ces soumissions ne seront autre chose que des promesses écrites de la main des fermiers et régisseurs, de me païer, de préférence à tout, les sommes qui me sont dues, sur le prix des bans et des régies. Cela seul tranchera toutes les difficultés, et Mgr le duc de Virtemberg poura recevoir dès les premiers jours de mars l'argent qu'on lui prêtera à Genève; mais je ne réponds de rien si on attend plus longtemps; parce que l'homme qui veut bien prêter peut disposer de ses fonds d'un jour à l'autre. Toute cette affaire se consommerait en un quart d'heure entre des particuliers.
J'ai envoïé à Messrs de la chambre le modèle du billet que S. A. S. doit faire: c'est un billet à ordre tout simple; on peut me le confier par la poste, et je le renverrai si l'affaire n'a pas lieu.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire
Je prie Monsr de Surleau de vouloir bien agréer mes très humbles compliments.