1769-08-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Conseil de régence de Montbéliard.

Messieurs,

Agréez mes remerciements de la déclaration que vous avez eu la bonté de m'envoier, et permettez que pour achever cette affaire j'aie l'honneur de mettre sous vos yeux le petit compte cy joint.

Pour parfaire la somme de cent cinq mille six cents Livres, mr Jeanmaire emploie,

1. Les 70000£ que S: A: S: me doit par deux billets sous seing privé, cy 70000£
2. 19000£ qu'il a pris sur mes quartiers chez le srs Rosé et Meinier; cy 19000£
3. 7000£ sur le premier quartier de la transaction nouvelle passée entre nous; le dit quartier finissant au dernier juin passé, cy 7000£
4. L'intérêt au quatre pour cent pour quatre années 9600£
Total 105600£

Il ne s'agit donc plus, Messieur, pour satisfaire à l'équité et aux sentiments de Son Altesse Sérénissime, et aux vôtres qui en sont inséparables, que de m'envoier une délégation sur un de vos fermiers ou régisseurs que vous choisirez, pour me paier les sept mille Livres qui me seront dues au 1er octobre, par nôtre nouvelle transaction, et ainsi de suitte suivant nos conventions.

De plus, Mr Jeanmaire s'est engagé à me subroger aux droits de Mr Dietrich, et à me mettre en main son contract. C'est à ces conditions que je me suis privé à l'âge de 76 ans de tout l'argent comptant qui pouvait me rester, pour avoir l'honneur et le plaisir de servir S: A: S:. J'ai peu de tems à vivre, et la sûreté de mes héritiers éxige que tout soit en règle. J'ai tout lieu d'espérer que vous aurez égard à mes justes demandes. Mr Jeanmaire m'avait promis au mois de mars que tout serait consommé au mois de juin, nous sommes au milieu d'auguste. Je compte sur vôtre bonté et sur vôtre justice.

J'ai l'honneur d'être avec respect

Messieurs

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire