1777-02-28, de Georg Christoph Wächter à Voltaire [François Marie Arouet].

Monseigneur,

Le désir de transmettre à la postérité Votre Médaille avec le Revers, qui m'a été interdit, dans ma Patrie, a été toujours présent à mon Esprit.
J'ai ici l'occasion la plus désirée, de l'achever avec tel Revers, ou telle devise, que Vous destinerai: Sur-tout si je pourrai prouver la permission de Votre part; On me concéderai toute la liberté: Appuyé de Vous, Monseigneur, auprés de Sa Majesté Impériale je me peux promettre un heureux Succès: Je Vous enverrai alors, Suivant Vos désirs telle quantité, que Vous voudrez, et les Amateurs, frustrés jusqu'à présent de leurs attente, pourront être abondament pourvûs.

Quelle joie pour moi de pouvoir reconnoitre Vos bontés envers moi?

C'est à Vous, que je dois le bonheur d'employer mes talens & de jouir du prix de mes travaux, sous les Auspices d'une Souveraine qui offre aux Arts & Sciences, la Main la plus Secourable. Aussi-tôt que j'aurai Votre Consentement, je ne manquerai pas de Vous envoyer auparavant les desseins & les Revers; pour me conformer en tout, à ce que Vous m'ordonnerez.

Que je désirerai de Vous devoir, Monseigneur, le Signalé bonheur, de me pouvoir approcher auprès du Trône de notre Auguste Souveraine & de pouvoir jouir par Votre intercession de la Protection déclarée d'une Mère Si clémente des Arts, dans des Cas, qui regardent l'avancement de ma fortune.

Cette faveur me sera d'un puissant Secours, dans le Cas, où je me trouve. L'humanité et l'inexpérience des loix m'a plongé dans un procès coûteux. Les Suites des Procédures sont dans tous les païs les mêmes. On évite rarement les persécutions, les Chicanes et les Offenses: et les Chemins, pour porter au pié du Thrône son innocence & ses peines, sont semés, comme par tout ailleurs, des Ronces & d'Epines.

Tout le Monde sçait, Monseigneur, ce qui vaut un Mot, de Votre part auprès de Notre clémente Souveraine: Je ne doute pas, que je ne jouisse dans l'instant, en faveur de Vos Lettres, de tout le bonheur possible. Si j'ai le plaisir de recevoir les Lignes, addressées à la devine Catherine, ma félicité sera à Son comble. Et combien ne suis-je pas assuré, que rien ne flatte tant Votre Coeur, que de compter dans toutes les parties de la Terre, des hommes, que Vous avez rendû heureux?

J'attendrai ces heureuses Lignes, ces Lettres, d'un Si grand poids pour moi, & au milieu des Mouvemens, que je me donne pour me préparer à travailler à Votre Médaille, rien éteindra la Considération & l'Estime parfait avec le quel je suis & serai toujours

Monseigneur

Votre trés humble & trés-obéissant Serviteur.

Georg Christoph Wæchter
Médailleur le jeune