1757-11-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louise Florence Pétronille La Live, marquise d'Épinay.

Vraiment madame vous me faittes bien de l'honneur de croire que je suis assez sage pour inspirer la sagesse.
Je serai seulement le témoin de celle de Mr votre fils, de tout son mérite, et de son envie de vous plaire. Je vois bien qu'il vous a gâtée. Vous êtes si acoutumée à le voir audessus de son âge que quand il s'en raproche vous êtes toutte étonnée. Il vous a accoutumée à une perfection bien rare, il vous a rendue difficile. Je serai enchanté de le voir luy et son aimable mentor. Mais pourquoy sui-je à la fois si près et si éloigné de la mère? pourquoy me sui-je interdit Geneve? pourquoy ne sui-je plus que jardinier? Je devrais vous faire ma cour tous les jours et je serais le plus assidu de vos courtisans si mon goust décidait de mes marches. Mais vous étendez votre empire sur les absens comme sur les présents. Personne ne sent plus tout votre mérite, ne vous est attaché plus véritablement et avec plus de respect que le Suisse

V.