1766-09-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Jeanne Pajot de Vaux.

Pardon, mille Pardons, ma belle et jeune Dame; je suis si vieux, si vieux, que je manque aux devoirs qui me sont les plus chers.
J'aurais dû vous remercier très tendrement il y a plus de huit jours de vôtre souvenir.

Je reçois aujourd'hui une Lettre charmante d'un officier qui est plus heureux que moi puis qu'il vous voit quelquefois à Lons-Lesaunier. Je crois que vôtre fils sera un brave guerrier, vous l'endurcissez de bonne heure à la fatigue, vous le faittes voiager; il tiendra de son père et de sa mère. Ce ne sera pas une petite poupée comme la plus part de nos courtisans, mais un digne francomtois.

Je présente mes très humbles obéïssances à son père et à son oncle. Je maudis toujours les montagnes qui nous séparent. Je ne vois croître sous mes yeux que vôtre nièce, et je voudrais être témoin des progrès de vôtre fils, et de tous les agréments de la mère, que je n'ose plus appeller Paté, mais à qui je serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie avec le plus tendre respect.

V.