1764-07-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Ignace Pajot de Vaux.

Monsieur,

Ma mauvaise santé m'a empéché de vous dire plutôt combien je suis sensible à vôtre souvenir.
Je ne le suis pas moins à vôtre bonheur et à celuique Madame De Vaulx partage avec vous. Il me manque d'en être témoin; je crois surtout qu'il sera durable. Vous savez combien Made Denis s'y intéresse, et combien nous maudissons les montagnes qui nous séparent de vous.

Nous sommes très affligés de la maladie de Mr vôtre frère. Nous nous flattons qu'elle n'aura pas de suitte, et qu'il en est quitte à présent. Vous nous avez fait voir qu'on sait se guérir dans vôtre famille sans le secours des Tronchins. Vous avez trouvé le véritable secrêt qui est l'abstinence, mais c'est un secrêt dont vous n'usez pas avec la jeune Dame que vous nous avez enlevée. Je lui présente mes respects, ainsi qu'à Mr vôtre frère. J'ai l'honneur d'être avec les mêmes sentiments,

Monsieur

Vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire