au Château de Ferney par Genêve 26e Juill: 1763
Monsieur,
Personne ne s'intéresse plus que moi à vôtre journal, et j'ose dire à vôtre personne.
Je sçais que vous aimez les Lettres autant que vous leur faittes honneur. Une aussi grande entreprise que la vôtre demandait la protection d'un homme comme Mr Le Duc De Praslin; vous rendrez un vrai service à la littérature tandis que d'autres ne cherchent qu'à l'avilir, et à la rendre aussi ridicule qu'ils le sont eux mêmes. Permettez que je ne vous sépare point de Mr Suart, et que je vous présente à tout deux les sentiments d'estime et de reconnaissance que je vous dois.
J'ai épuisé toute la Suisse pour vous faire parvenir par Mr Le Duc De Praslin tout ce que je connaissais de ce païs là. Je continuerai tant que ma pauvre santé le permettra; les justes mesures qu'il a prises, ne vous laisseront pas d'ailleurs manquer de bons matériaux. Je vous prie de me mettre au nombre de vos souscripteurs.
J'ai L'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire gentilho orde du roy